
La légende du ‘uru
Je vais te raconter l’histoire de Rua-ta’ata , grâce à qui nous pouvons encore aujourd’hui nous régaler des fruits de l’arbre à pain, le tumu ‘uru.
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Rua-ta’ata vivait à Raiatea avec sa femme Rumau-ari’i et ses quatre enfants. Survint une famine à Raiatea, et après avoir consommé tous les crabes de terre et les fruits du fara, la famille dû se réfugier dans les montagnes et se nourrir de fougères ; ils s’installèrent dans une grotte, cachés dans la montagne. C’était une période très difficile, et Rua-ta’ata souffrait de voir sa famille dans cette triste situation. Il s’inquiétait de voir les siens affamés, et ne savait comment assurer l’avenir de ses enfants.
Rumau-ari’i se lamentait également, et un soir très tard Rua-ta’ata la rassura et lui dit doucement alors qu’elle tombait fatigue, de ne plus s’en faire. Demain quand tu te réveilleras, mes mains seront devenues des feuilles, mon corps et mes bras seront devenues un tronc et des branches, et ma tête sera un fruit, rond et savoureux. Tu prendras ce fruit, fait le rôtir au feu, tremper dans l’eau, puis enlève la peau. Mangez ce fruit, et vous n’aurez plus jamais faim… Rumau-ari’i s’endormit profondément, sans savoir si elle avait rêvé ces paroles. Elle eût l’impression de sentir une dernière caresse sur sa joue de Rua-ta’ata, avant de le sentir s’éloigner et sortir de la caverne.
Le lendemain, Rumau-ari’i se réveilla tôt, constatant que Rua-ta’ata n’était pas là. Elle sortit à sa recherche et découvrit à l’entrée de la caverne un arbre splendide, avec des fruits ronds et verts à son pied. Elle comprit alors le sens des paroles de Rua-ta’ta, et réalisa qu’elle n’avait pas rêver. Elle sût que son homme s’était transformé en arbre majestueux pour protéger sa famille. En pleurant, elle ramassa les fruits ronds à terre, et ainsi que Rua-ta’ta le lui avait indiqué, elle les fit rôtir et lorsque ses enfants se réveillèrent, elle leur donna un morceau à chacun et le goûta elle-même. C’était délicieux, et elle comprit alors, malgré sa tristesse, qu’elle n’aurait plus à s’en faire car elle et ses enfants n’aurait plus jamais faim.
Ainsi Rua-ta’ata a fait don de son corps pour nourrir sa famille, et depuis les tumu uru ont proliférés, assurant la subsistance des familles polynésiennes. Aujourd’hui encore nous le consommons rôti au feu de bois, ou décliné dans des recettes plus modernes. Plus qu’un arbre, c’est le cadeau d’abondance à la terre polynésienne.
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